8% à 10% des pères souffriraient d’une dépression suite à la naissance d’un enfant. Si on connaît la
dépression post-partum chez les femmes, c’est beaucoup moins le cas chez les hommes.
Pour les papas, elle se manifesterait par une certaine irritabilité et de la colère. D’après une récente étude de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), la prise du congé paternité permettrait de l’atténuer.
Les pères aussi peuvent souffrir de dépression post-partum
La dépression post-partum n’est ni plus ni moins qu’une dépression. La seule différence étant qu’elle survient autour de la naissance d’un enfant. « Une dépression, quelle que soit la période ou la population ciblée, est un trouble psychiatrique qui se caractérise par un certain nombre de symptômes présents pendant au moins 15 jours. Des symptômes qui ont un retentissement sur le fonctionnement de la personne. Le patient est invalidé pour remplir ses missions du quotidien », explique Sarah Tebeka, psychiatre à l’hôpital Louis-Maurier (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP), dans les Hauts-de-Seine.
Quand on parle de DPP (dépression post-partum), cela fait référence aux premiers jours de la naissance d’un enfant et l’année qui la suit. Si la DDP est plutôt connue chez les femmes, ce n’est pas vraiment le cas chez les hommes. « C’est un sujet tabou. On a l’idée que la DDP tient uniquement à des facteurs hormonaux », ajoute la psychiatre.
Par ailleurs, il existerait de nombreux facteurs communs : « La précarité, des antécédents psychiatriques, le fait d’avoir traversé une grossesse compliquée, le milieu social ou encore le manque de sommeil suite à l’arrivée de l’enfant. Cela peut affecter pareillement l’un ou l’autre parent », ajoute-t-elle. « Il existe néanmoins des discussions autour des symptômes. Plutôt autour de la tristesse pour les mères, là où les pères ressentiraient plus de la colère ou de l’irritabilité », complète Maria Melchior.
L’impact positif du congé paternité
Maria Melchior est la chercheuse qui a piloté l’étude menée par l’INSERM. L’équipe de recherche s’est basée
sur les données de la cohorte Elfe, qui a suivi jusqu’à leurs 20 ans 18 000 enfants nés en France en 2011. « Automatiquement, en suivant les enfants, nous avons pu interroger leurs parents », explique-t-elle. Cela a permis, entre autres, de pouvoir évaluer la santé mentale des pères et des mères selon plusieurs prismes.
Parmi les résultats obtenus, une bonne nouvelle. Selon l’étude, les pères
ayant pris leur congé paternité au moment de la naissance de leur enfant auraient vu leur risque de dépression réduit de 25%. « Cela peut s’expliquer par le fait que ceux qui prennent leur congé sont peut-être mieux insérés dans la société, ont plus de solidité au plan professionnel, sont moins touchés par la précarité… »
Ce résultat est-il pour autant significatif ? « Oui, tout à fait. Effectivement, le niveau de dépression est plus faible chez les pères que chez les mères. Mais si on prouve que, grâce au congé paternité, on amoindrit le risque de dépression, c’est en soi une bonne chose », répond la chercheuse.
« Pour l’avenir, il semble indispensable de réitérer cette enquête, en tenant compte des nouvelles lois et de l’allongement du congé paternité [de 11 jours au moment de l’étude contre un mois aujourd’hui, NDLR]. Je pense que les entreprises ont un rôle essentiel à jouer là-dedans. Il faut inciter les pères à prendre ce congé. Car cela aura un impact sur leur santé mentale, mais aussi sur l’ensemble de la famille », ajoute la psychiatre Sarah Tebeka.
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